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Il y a plus ; la grande majorité des comètes dont nous devons la découverte au zèle infatigable des astronomes modernes, ne s’étaient point montrées depuis les temps historiques, ou n’avaient pas été observées. La comparaison des orbites paraboliques calculées met ce fait dans une complète évidence.

Or, je le demande, est-il permis d’espérer raisonnablement qu’on pourra prédire un jour l’arrivée, dans notre sphère de visibilité, de comètes qui depuis des siècles restent comme perdues au milieu des régions les plus reculées de l’espace ; que personne n’a jamais aperçues ; dont l’action sur les astres du système solaire est au-dessous de toute grandeur appréciable, tant à raison de l’excessive rareté de la matière vaporeuse qui les compose, qu’à cause de leur prodigieux éloignement. Un astre se révèle aux hommes, en devenant visible ou en produisant des effets saisissables. Celui qui n’a jamais été vu, qui n’a jamais engendré aucun déplacement observable, est pour nous comme s’il n’existait pas. L’annonce de l’apparition d’une comète totalement inconnue serait du domaine de la sorcellerie, et non de celui de la vraie science. L’astrologie elle-même ne poussa pas ses prétentions jusque-là, dans le temps de sa plus grande ferveur.

Mais, dira-t-on, la comète du mois de mars de 1843 ne se trouvait pas dans les conditions dont il vient d’être parlé ; on l’avait observée en 1668.

Je reconnaîtrai, si l’on veut, qu’on avait vu en 1668 la comète de 1843 ; ma concession n’ira pas plus loin. Voir une comète et l’observer sont deux choses entièrement distinctes. Les observations proprement dites déter-