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assimiler l’ellipse à la parabole : l’ellipse réelle devait avoir un grand axe assez court.

Lexell trouva, en effet, que la comète de 1770 (n° 85 du catalogue) avait parcouru autour du Soleil une ellipse dont le grand axe était égal seulement à trois fois le diamètre de l’orbite terrestre, et qui correspondait à une révolution de cinq ans et demi. Il représenta ainsi toutes les positions que l’astre alla occuper pendant la longue durée de son apparition, avec l’exactitude des observations elles-mêmes.

Cet important résultat souleva une grave objection. Avec une révolution aussi prompte, il semblait que la comète de 1770 aurait dû se montrer fréquemment, et on n’en trouvait aucune trace dans les cométographes, avant les observations de Messier. Il y a plus, elle a toujours été invisible depuis, quoiqu’on l’ait cherchée attentivement aux places mêmes où l’orbite elliptique de Lexell devait la ramener.

Je laisse à deviner tout ce que la comète perdue fit naître de sarcasmes, bons ou mauvais, contre ces pauvres astronomes qui s’étaient tant vantés d’avoir trouvé définitivement la clef des mouvements cométaires. Il y avait néanmoins, on doit l’avouer, dans cette mystérieuse disparition, une véritable question à résoudre, car la vive lumière dont brillait la comète de 1770, ne permettait pas de supposer qu’elle fût revenue plusieurs fois sans être remarquée. Aujourd’hui tout est éclairci, et les lois de l’attraction universelle ont puisé dans une épreuve qui, au premier aperçu, semblait devoir les ébranler, une force, une évidence nouvelles.