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rente que nous argumenterons pour prouver que de prétendues observations de passages de Mercure sur le Soleil, faites par Averrhoès, par Scaliger, par Kepler lui-même, le 28 mai 1607, n’étaient autre chose que des observations de taches solaires. Mercure, dans sa conjonction inférieure, Mercure, quand il se projette sur le Soleil, ne sous-tend guère qu’un angle de 12 secondes ; or, un objet rond de 12″, se projetât-il sur le Soleil, n’est pas visible à l’œil nu. En 1761, c’est tout ce qu’on pouvait faire d’entrevoir ainsi le disque obscur de Vénus avec son diamètre de 58″. Encore, faut-il ajouter, plusieurs astronomes restèrent persuadés que les contemplateurs sans lunettes de la grosse planète avaient plus fait usage de leur imagination que de leurs yeux. Ils se fondaient particulièrement sur les inutiles tentatives de Gassendi pour apercevoir sans télescope, entre autres fois le 10 septembre 1621, une tache dont le diamètre mesuré au micromètre était de une minute et un tiers.

Les contemporains de Charlemagne, Averrhoès, Scaliger, Kepler, virent des taches solaires sans s’en douter. Ils n’ont donc aucun droit à la découverte de ce phénomène. En prenant à la lettre les assertions du père Mailla et de Joseph Acosta, les titres des Chinois et des Péruviens seraient de meilleur aloi. Au surplus, s’il est vrai que parmi ces peuples quelques individus doués d’une vue privilégiée ou mettant à profit des circonstances atmosphériques assez rares, vinrent à bout de regarder le Soleil sans être éblouis, et d’y apercevoir les taches, on peut affirmer qu’ils n’en tirèrent aucune conséquence utile.

Parmi les modernes la découverte des taches du Soleil