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LIVRE XII. — VOIE LACTÉE.

rappeler qu’Œnopidès et Métrodore croyaient que la Voie lactée est la route que le Soleil abandonna jadis en se rapprochant de sa course zodiacale actuelle, route limite où l’astre séjourna assez de temps pour y laisser des marques ineffaçables de son passage ? Depuis que les comètes ont brisé sans retour les sphères solides auxquelles les anciens attribuaient un si grand rôle dans le mécanisme de l’univers, on ne fait également aucune attention à un passage souvent cité de Macrobe ; au passage dans lequel cet auteur rapporte que Théophraste regardait la Voie lactée comme la ligne de soudure des deux hémisphères qui, suivant lui, composaient la voûte céleste. La bizarreries l’absurdité de ces conceptions est une raison de plus d’insister sur ce qu’une pensée de Démocrite, reproduite et éclaircie par Manilius, offre de subtil, d’ingénieux, de difficile à trouver. Suivant ces philosophes, si la Voie lactée brille d’un vif éclat, c’est que les étoiles y sont trop pressées, vu leur prodigieuse distance, pour qu’on puisse les discerner une à une ; c’est que les images de tant d’astres fortement condensés se confondent.

    tenelle traduisit la pièce du P. Commire. Je rapporterai les vers relatifs à la Voie lactée :

    Voyez ces astres dont à peine

    Il parvient jusqu’à nous une faible lueur :
    C’est là ce même lait qui tomba par malheur
    De la bouche du fils d’Alcmène ;
    Et comme il eût été perdu,
    Jupiter ménagea ces précieuses gouttes :
    En astres il les changea toutes,
    Et du chemin de lait voilà ce qu’on a su.