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Il faut donc que dans chacun de ces rayons les côtés nord et sud diffèrent en quelque sorte des côtés est et ouest ; de plus, les côtés nord-sud du rayon ordinaire doivent avoir précisément les mêmes propriétés que les côtés est-ouest du rayon extraordinaire ; en sorte que si ce dernier rayon faisait un quart de tour sur lui-même, il serait impossible de le distinguer de l’autre. Après son passage à travers le premier cristal, la lumière a donc des propriétés différentes sur ses différents côtés, ce que nous exprimons en disant qu’elle est polarisée. La réfraction simple, la réflexion elle-même de la lumière la polarisent plus ou moins complétement selon les angles que fait le faisceau lumineux avec la surface qu’il vient frapper pour se réfléchir ou pour y pénétrer en se réfractant.

Avant d’aller plus loin, remarquons ce qu’il y a d’étrange dans des expériences qui ont amené légitimement les physiciens à parler des divers côtés d’un rayon de lumière, à distinguer ces côtés les uns des autres ; le mot étrange, dont je viens de me servir, ne semblera empreint d’aucune exagération à ceux qui songeront que des milliards de milliards de ces rayons peuvent passer simultanément dans le trou d’une aiguille sans se troubler les uns les autres.

La lumière polarisée a permis d’enrichir la science de plusieurs moyens d’investigation dont les astronomes ont déjà tiré un parti avantageux, entre autres de la lunette polariscope.

Voici quel est le principe d’une semblable lunette, tel que je l’ai donné dans un Mémoire lu à l’Académie des sciences le 11 août 1811.