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ASTRONOMIE POPULAIRE.

rouge, conséquemment point de phénomènes de contraste. La teinte bleue de la petite étoile ne pouvait plus être considérée comme une illusion. Le bleu est donc la couleur réelle de certaines étoiles ? Cette conséquence ne découlait pas moins directement de l’observation de δ du Serpent, car dans ce groupe la grande et la petite étoile sont l’une et l’autre bleues. J’avais donc toute raison, en 1825 (voyez la Connaissance des temps pour l’année 1828), de n’introduire la notion physique du contraste dans la question des étoiles doubles qu’avec la plus grande réserve[1].

Le contraste, on doit le reconnaître, est quelquefois la cause de la teinte verte ou bleue que présente la petite étoile d’un groupe binaire où la brillante est rouge ou jaune. Il suffit d’une expérience très-simple pour distinguer ces cas des autres : il faut cacher l’étoile principale avec un fil ou avec un diaphragme placé dans la lunette. Si pendant l’occultation de la grande étoile, la petite, qui s’aperçoit alors toute seule, cesse d’être colorée ; si elle devient blanche, la teinte verte ou bleue dont elle semblait revêtue quand les deux étoiles se voyaient simultanément, n’était qu’une illusion. Lorsque le contraire arrive, on ne pourrait se refuser à regarder

  1. M. John Herschel a introduit aussi la notion optique des contrastes dans la discussion des couleurs des étoiles doubles. Si dans un pareil sujet la priorité pouvait être réclamée, je ferais remarquer que la date de la publication de la Connaissance des temps de 1828, est antérieure à celle de la première édition du Traité d’astronomie de M. Herschel, dans laquelle l’illustre astronome a pour la première fois, je crois, parlé des effets du contraste à l’occasion des étoiles doubles.