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LIVRE V. — DE LA VISIBILITÉ DES ASTRES.

étoiles en plein jour quand on se place au fond d’une cavité étroite. Peut-être ce philosophe célèbre avait-il, suivant son usage, emprunté l’observation à Aristote sans la vérifier ? Pline, en tous cas, ne me paraît pas devoir être cité comme garant du fait qu’il rapporte.

On lit dans l’ouvrage de Scheiner, intitulé Rosa ursina, page 417, le passage suivant :

« Je tiens d’un Espagnol, homme très-instruit et très-digne de foi, qu’il est de fait notoire, en Espagne, que dans les puits profonds, dont l’ouverture est à découvert, le ciel et les étoiles brillant par réflexion comme dans un miroir se voient très-distinctement, même à l’heure de midi, et que lui personnellement les avait ainsi contemplées très fréquemment… Les étudiants de Coïmbre, et d’autres observateurs, affirment qu’on les aperçoit au bas d’un puits très-profond. »

Voici ce que je trouve dans le Traité d’astronomie de sir John Herschel (1re édition anglaise, p. 63) :

« Les brillantes étoiles qui passent au zénith peuvent (may even be) être discernées à l’œil nu, par les personnes situées au fond d’une cavité profonde et étroite, comme le sont les puits ordinaires ou les shafts des mines. J’ai entendu moi-même raconter par un célèbre artiste (Troughton, je crois), que la première circonstance qui tourna son attention vers l’astronomie fut l’apparition régulière à certaine heure, pendant plusieurs jours consécutifs, d’une étoile considérable dans la direction du tuyau de sa cheminée. »

En supposant, comme ces témoignages nous autorisent à l’admettre, que certaines étoiles soient visibles à l’œil