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LIVRE IV. — HISTOIRE DES INSTRUMENTS.

cent fois ; une lunette de 12 pieds (4m) de long, où le grossissement n’était pas porté au delà de soixante-quatorze fois ; une lunette de lui-même (Auzout), de 31 pieds (10m), armée d’un grossissement de cent quarante fois ; enfin, une lunette travaillée aussi par Auzout, et qui, avec la colossale longueur focale de 300 pieds (97m, 5), ne grossissait que six cents fois. Il est bien entendu que, lorsque les objectifs avaient des distances focales si démesurées, on les employait sans tuyau. C’est dans ce but qu’on voyait jadis dans le jardin de l’Observatoire de Paris de grands mâts, et même un grand échafaudage en charpente qui avait servi à la construction de la célèbre machine de Marly, et qu’on destinait à porter ces précieux objectifs, l’observateur devant se promener l’oculaire à la main à une distance convenable de l’image aérienne. On fit alors la remarque curieuse que les rayons qui passaient transversalement dans l’espace compris entre l’objectif et son foyer ne troublaient nullement la netteté de l’image focale.

Je dois dire que la confusion que l’on fait souvent du microscope et du télescope jette de l’obscurité sur l’histoire de l’invention de ces deux instruments. Aussi insisterai-je ici sur les caractères qui peuvent les faire distinguer. Les microscopes et les télescopes, comme l’indique l’étymologie des noms qu’ils portent, servent respectivement à examiner les petits objets et les objets éloignés. D’après l’étymologie du mot télescope, il est évident d’ailleurs qu’il s’applique aux télescopes proprement dits où l’on observe des images réfléchies sur des miroirs, et aux lunettes qu’on a appelées télescopes diop-