Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 1.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
ASTRONOMIE POPULAIRE.

Mais le secret était inutile, puisqu’on fabriquait de ces instruments en Hollande à des prix modérés. Du reste, l’auteur ne faisait aucune mention des travaux antérieurs des Hollandais, ni dans une première lettre que Venturi nous a conservée (tome ier, page 81), ni dans un décret du sénat de Venise, en date du 25 août 1609[1]. La découverte est présentée comme la conséquence des principes secrets de la perspective.

C’est à tort que les auteurs italiens prétendent que la doctrine des réfractions a joué un rôle important dans la seconde découverte faite par Galilée de la lunette hollandaise. Nous avons sur ce point des arguments décisifs, nous avons le récit fait par Galilée lui-même de la série de déductions à l’aide de laquelle ce grand homme produisit les premiers instruments.

Huygens disait, dans sa Dioptrique : « Je mettrais sans hésiter au-dessus de tous les mortels celui qui par ses seules réflexions, celui qui sans le concours du hasard serait arrivé à l’invention des lunettes. »

Voyons si Lippershey, si Jacques Métius, etc., ont été ces hommes sans pareils.

Hieronimus Sirturus rapporte qu’un inconnu, homme ou génie, s’étant présenté chez Lippershey, lui commanda plusieurs lentilles convexes et concaves. Le jour convenu, il alla les chercher, en choisit deux, l’une concave, la seconde convexe, les mit devant son œil, les écarta peu à

  1. Les premiers travaux de Galilée sur les lunettes paraissaient être du mois de mai 1609. Il résulte d’un passage d’un journal de Pierre l’Estoile que dans le mois d’avril de cette même année on vendait publiquement à Paris des lunettes hollandaises. (Voyez le Magasin Pittoresque, année 1853, p. 7.)