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ASTRONOMIE POPULAIRE.

Le 9 décembre, Lippershey ayant annoncé qu’il avait résolu le problème, Van Dorth, Magnus et Van der Aa furent chargés de vérifier le fait. Ces commissaires firent un rapport favorable le 15 décembre 1608. L’instrument, construit pour les deux yeux, avait été trouvé bon.

En lisant les extraits des archives de La Haye, donnés par M. Moll, on remarque avec bonheur combien les commissaires des États-Généraux mirent de promptitude à examiner les lunettes de Lippershey. Mais bientôt le déplaisir succède à la satisfaction, car on voit un grand corps national marchander ces instruments incomparables, tout comme s’il se fût agi de quelques caisses d’épices venant des Indes orientales. Enfin, l’indignation vous gagne lorsque les commissaires des États, vaniteux comme des échevins en costume, décident que la lunette restera imparfaite tant qu’on n’y regardera pas des deux yeux, tant que l’observateur sera réduit à la nécessité de cligner, et mettent l’opticien dans l’obligation de consacrer à l’exécution de binocles, un temps qu’il eût beaucoup mieux employé à perfectionner la lunette simple.

Lippershey reçut 900 florins pour trois de ses binocles ; mais les États décidèrent qu’on lui refuserait un brevet, parce qu’il était notoire que déjà différentes personnes avaient eu connaissance de l’invention.

Parmi ces différentes personnes, il faut compter sans doute, Jacques Adriaan’z (Métius), quatrième fils d’Adrien Métius, bourgmestre d’Alcmaar, celui-là même qui découvrit le fameux rapport du diamètre à la circonférence : 113:355. Jacques Métius avait adressé aux