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paroles d’introduction.

Je ne m’engage pas dans cette voie à la légère. Je sais que des savants illustres déclarent mon projet inexécutable. Cette décision ne me décourage point. Loin que je doute du succès, je déclare de nouveau que j’entends aborder toutes les questions. Le cours sera complet quant au fond, et élémentaire seulement par la forme, par la nature des méthodes adoptées. Ce n’est pas moi qui aurais consenti à dégrader ou même à rétrécir à vos yeux une science dont on a dit avec toute raison qu’elle donne la véritable mesure des forces de l’esprit humain.

Ce point capital une fois arrêté, je me demandais encore tout à l’heure quel serait le sujet de cette première leçon. Quoique peu routinier de mon naturel, j’ai pensé un moment à suivre la route ordinaire, à faire un discours d’ouverture. J’y ai renoncé dès que j’ai reconnu que de tels discours sont inévitablement des lieux communs plus ou moins rajeunis pour la forme. Dans un discours d’ouverture, le professeur pense beaucoup plus à lui-même qu’à son auditoire : cette seule considération eût suffi pour me décider. Mon unique ambition ici doit être de vous initier aux vérités astronomiques, fruit de trois mille ans d’études, de recherches, de travaux persévérants. Pour arriver à ce but, rien ne me coûtera ; je me répéterai à satiété si cela me paraît nécessaire. Je me soumets d’avance à toutes les critiques ; je consens à vous paraître prolixe, sans élégance, etc., pourvu que vous me trouviez clair et exact dans les démonstrations.

Dans la dispute à laquelle les érudits s’abandonnèrent afin de décider si un traité grec sur le monde était ou n’était pas d’Aristote, Daniel Heinsius se prononça pour la négative. Voici son principal argument : « Le traité en question n’offre nulle part cette majestueuse obscurité qui, dans les autres ouvrages d’Aristote, repousse les ignorants. »