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ASTRONOMIE POPULAIRE.

De faibles lumières produisent des effets analogues relativement à des lumières beaucoup plus faibles encore ; de très-faibles lumières suffisent pour engendrer (si l’expression m’est permise) des éblouissements momentanés sous l’influence desquels certains objets restent complètement invisibles.

« Vingt minutes, dit William Herschel, n’étaient pas de trop quand je venais d’une pièce éclairée, si je voulais que ma vue reposée me permît de discerner dans le télescope des objets très-délicats. » Après le passage d’une étoile de deuxième grandeur dans le champ de l’instrument, il fallait à l’illustre astronome un pareil intervalle de vingt minutes, pour que l’œil reprît sa tranquillité.

Herschel fils rapporte qu’il ne commençait à voir les satellites d’Uranus dans ses grands télescopes, qu’après être resté, pendant un gros quart d’heure, l’œil appliqué à l’oculaire et en se garantissant de plus en plus soigneusement de l’action de toute lumière extérieure.

Une grande lumière empêche d’apercevoir les lumières très-faibles placées dans son voisinage.

Ce fait est constant. Je puis même citer des cas dans lesquels, chose singulière, Uranus, qui se voit à peine à l’œil nu, jouait le rôle de grande lumière.

Le premier satellite d’Uranus disparaissait toujours pendant les observations de William Herschel, faites avec un télescope de vingt pieds anglais (6m,10), lorsqu’il se trouvait à moins de 14″ du centre de la planète ; le second satellite disparaissait à son tour, dès que cette distance angulaire descendait au-dessous de 17″. De très-