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par voie expérimentale, j’ai presque dit par raison démonstrative, comme le maître d’armes de M. Jourdain ; car Molière a su prévoir tous les genres de ridicules.

Écoutons encore, sur cet objet, l’officier anonyme d’artillerie :

« Les projectiles creux lancés à 3, 000 et même à 2, 000 toises n’ont aucun résultat militaire, ainsi que le prouve le long et inutile bombardement de Cadix, seul exemple applicable à la question… La moitié des bombes tombaient dans la mer ; sur l’autre moitié, le plus grand nombre éclatait en l’air ou n’éclatait pas du tout. Trouver une fusée ou une composition d’artifice qui assure, pour le moment convenable, l’explosion des bombes que l’on lance à 2, 000 toises, est un problème qui n’a pas été résolu d’une manière satisfaisante. »

Tout à l’heure on a vu combien les boulets seraient inoffensifs ; maintenant c’est le tour des bombes. Dans leur zèle du moment, mes adversaires, en vérité, réduiraient volontiers notre artillerie au pistolet de poche. Continuons donc à discuter leurs arguments.

La bombe qui franchit un intervalle horizontal de 3, 000 toises, emploie 30 à 33 secondes & décrire sa trajectoire. Le problème que les chimistes, que les artificiers n’auraient pas résolu, serait donc le problème de construire une mèche qui durât terme moyen une quarantaine de secondes. Cette assertion paraîtra sans doute fort étrange aux habites officiers qui dirigent notre école de pyrotechnie, et même à tous ceux qui auront pu voir dans l’Aide-Mémoire du général Gassendi que,