Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 6.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont il s’agit. Ils n’ont qu’à voir eux-mêmes, d’après l’échantillon qui précède, s’il leur convient de parler sciences, balistique, fortification, par la bouche du rédacteur du Journal de Paris.

L’officier anonyme d’artillerie, je dois en convenir, n’a pas été aussi malavisé. Il sait très-bien, lui, que tous les résultats consignés dans mes lettres sont exacts ; que tous les forts projetés, quant à la distance, auraient action sur les quartiers les plus populeux de la capitale. Seulement, à cause du grand éloignement, les boulets, d’après ses idées, ne feraient aucun mal.

Admirez, je vous prie, la gradation ! D’abord les projectiles pleins n’arrivaient point ; maintenant ils arrivent, mais ils ne sont pas dangereux. De peur qu’en suivant cette marche on n’aille jusque soutenir, que la chute d’une grêle de boulets de 24, de 36, de 48, sur les places publiques, dans les rues, dans les maisons, serait pour les Parisiens un spectacle divertissant, j’abandonnerai aujourd’hui la cause des boulets ; je parlerai seulement des projectiles creux. Dans ce dernier cas, au mal qui peut résulter de la chute des abus ou des bombes, il faut ajouter le mal plus grand qu’amène la dispersion des éclats et l’incendie.

« M. Arago, s’écrie-t-on, était on ne peut plus mal renseigné. Les portées qu’il a citées étaient non des portées de guerre, mais des résultats d’expériences. »

Le voilà enfin connu ce formidable argument, qui devait réduire au silence tous les adversaires des forts détachés ! Je sais qu’il a fait les délices de plusieurs salons ministériels avant de se produire au grand jour