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vention fit un appel aux Parisiens. Le 13 avril, il sortait de la capitale, s’acheminant vers la Vendée, quatorze mille hommes et quatre-vingts pièces de canon.

Le 12 juin 1793, Paris voyait mille canonniers, ses enfants, quitter leurs foyers pour aller faire le siége de Saumur, conduisant avec eux quarante-huit bouches à feu.

Nous ne sommes pas les fils dégénérés de ces patriotes ardents et dévoués. J’en prends à témoin la révolution de 1830. Avec ou sans fortifications, si Paris venait à être attaqué, Paris se défendrait à outrance. Seulement il faut choisir dès ce moment entre une guerre de barricades, une guerre qui se ferait de maison en maison depuis les faubourgs jusqu’au centre de la ville, et la défense méthodique, régulière, moins coûteuse, moins sanglante, qui s’organiserait à l’aide de fortifications préparées de longue main. Poser ainsi la question, c’était la résoudre.

C’est aujourd’hui la mode de parler avec dédain des résultats que produisit l’élan populaire pendant les premières années de la révolution. Quoique de pareilles attaques soient sans portée, il n’est peut-être pas inutile de les rapprocher de ces mémorables paroles du maréchal Saint-Cyr : « La guerre de 1792 à 1796 est celle à laquelle je m’honore le plus d’avoir pris part, parce qu’en même temps qu’elle est une des plus justes que la France ait soutenues, elle est aussi celle où le peuple français a déployé le plus d’énergie, de courage et de persévérance… Selon moi, ce fut dans cette guerre qu’il acquit le plus de gloire, si la gloire s’acquiert en raison des difficultés vaincues et de la justice de la cause. »