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assiégé a cette du chasseur, si ce n’était que le gibier n’a ni fusils, ni carabines, ni pistolets. Dans les sièges, des hommes incultes ont souvent proposé des moyens de défense, en apparence ridicules, et que le succès cependant justifiait. Témoin le siége de Chatté-sur-Moselle, par le maréchal de La Ferté. La ville aurait été certainement emportée si au plus fort de l’action, les habitants ne s’étaient avisés de verser sur la brèche plusieurs essaims d’abeilles. Les piqûres de ces mouches mirent les assaillants en déroute.

La guerre défensive a été qualifiée de timide, et c’est pour cela, a-t-on dit, que nous la faisons médiocrement. On sait déjà ce que je pense de cette prétendue infériorité des Français sur les autres nations en fait de siéges. Je vais en deux mots caractériser maintenant la timidité de la défense.

Le prince Eugène nous a laissé une relation du siége de Lille qui dura quatre mois. On y voit que son armée et celle de Marlborough réunies comptaient 100, 000 combattants, tandis que Boufflers n’avait que 20, 000 hommes, ce qui, par parenthèse, montre bien l’avantage des fortifications. La relation citée renferme des passages tels que ceux-ci, bien propres, ce me semble, à montrer que l’intrépidité, que la hardiesse jouent aussi un très-grand rôle dans la défense des places.

« Je fis emporter le poste du moulin Saint-André. Boufflers me le reprit, et j’y perdis 600 hommes… Je pris quelques redoutes ; mais après trois heures de combat pour une des plus essentielles, j’en fus chassé… Je fis donner deux assauts pour faciliter la prise du chemin