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CHAUX ET MORTIERS HYDRAULIQUES

dité, même au milieu de leur épaisseur. On eut recours à la mine pour les détruire.

La poudre devint également nécessaire lorsqu’on voulut, il y a peu d’années, faire disparaître à Agen les ruines d’un pont construit vers l’an 1200, M. Vicat s’est assuré lui-même que le mortier du pont de Valentré, bâti à Cahors en 1400, surpasse en dureté celui du théâtre antique dont on voit les ruines dans la même ville.

Les architectes anciens, comme les constructeurs modernes, bâtissaient, suivant la nature des matériaux disponibles, et aussi suivant des exigences financières, soit des édifices inébranlables, soit, avec les mêmes formes extérieures, des temples, des palais, des maisons particulières sans solidité. Les constructions de cette dernière catégorie devaient rapidement disparaître. Les autres ont seules résisté aux ravages du temps, à l’action incessante des intempéries des saisons. Les admirateurs aveugles des siècles passés auraient-ils, par hasard, oublié ces paroles si précises de Pline : « La cause qui fait tomber à Rome tant de maisons, réside dans la mauvaise qualité du ciment. »

Si, comme on le prétend, les Romains connaissaient des méthodes certaines pour préparer du bon mortier, on devrait trouver cette matière dans tous leurs monuments publics, avec des qualités à peu près identiques. Or, il n’en est pas ainsi, tant s’en faut, même en comparant les différentes parties d’un seul édifice. La commission a remarqué dans plusieurs publications de M. Vicat, des expériences très-propres à éclaircir ce sujet : celles, par exemple, faites avec du mortier tiré de divers points du