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MACHINES À VAPEUR
§ 3.
1615. Salomon de Caus[1].

Salomon de Caus est l’auteur d’un ouvrage intitulé : Les Raisons des forces mouvantes, avec diverses machines tant utiles que plaisantes, etc. Cet ouvrage parut à Francfort en 1615. On y trouve, entre autres choses ingénieuses que plusieurs mécaniciens ont présentées de nos jours comme nouvelles, un théorème ainsi conçu, sous le n° 5 : L’eau montera par aide du feu plus haut que son niveau. Voici en quels termes Caus justifie cet énoncé :

  1. Par une bizarrerie bien digne de remarque, un homme que la postérité regardera peut-être comme le premier inventeur de la machine à feu, n’est cité dans l’histoire des mathématiques de Montuela qu’a l’occasion de son Traité de perspective, et encore la citation n’est-elle que de cinq mots. A peine a-t-il aussi obtenu les honneurs d’un article de quelques lignes dans les volumineux dictionnaires biographiques publiés de nos jours. La Biographie universelle le fait naître et mourir en Normandie. Elle dit qu’il habita quelque temps l’Angleterre, où il fut attaché au prince de Galles. Dans les Raisons des Forces mouvantes, Salomon de Caus prend lui-même le titre d’ingénieur et d’architecte de Son Altesse palatine électorale. Cet ouvrage fut composé, je crois, à Heidelberg ; il a été imprimé à Francfort ; ces trois circonstances ont fait supposer à quelques personnes que Caus était Allemand. Mais remarquons d’abord combien il serait peu probable qu’un Allemand eut écrit en français dans son propre pays. Ajoutons que dans la dédicace au roi très-chrétien (Louis XIII), la formule suivante précède la signature : de Votre Majesté, le très-obéissant subject ; qu’enfin on lit dans le privilège, et ceci tranche tous les doutes : « Nostre bien aimé Salomon de Caus, maistre Ingénieur, estant de présent au service de nostre cher et bien aimé cousin le prince Électeur Palatin, nous a fait dire, etc…, désirant gratifier ledict de Caus, comme estant nostre subject, etc. » Ainsi Salomon de Caus était Français.