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MACHINES À VAPEUR

saire que cette machine était nouvelle et qu’elle avait quelque ressemblance avec celle d’aujourd’hui, car Héron, comme on l’a déjà vu, décrivait, 1600 ans auparavant, le moyen de produire un mouvement de rotation par l’action de la vapeur. J’ajouterai même que si l’expérience de Garay a été faite, que si sa machine était à vapeur, tout doit porter à croire qu’il employait l’éolipyle d’Héron. Cet appareil, en effet, n’est pas d’une exécution très-difficile, tandis que (on peut l’assurer hardiment) la plus simple des machines à vapeur d’aujourd’hui, exige dans sa construction une précision de main-d’œuvre fort supérieure à tout ce qu’on aurait pu obtenir au xvie siècle. Au reste, Garay n’ayant voulu montrer sa machine à personne, pas même aux commissaires que l’empereur Charles-Quint avait nommés, toutes les tentatives qu’on pourrait faire, après trois siècles, pour établir en quoi elle consistait, n’amèneraient évidemment aucun résultat certain.

En résumé, le nouveau document exhumé par M. de Navarrete doit être écarté, 1o parce qu’il n’a été imprimé ni en 1543 ni plus tard ; 2o parce qu’il ne prouve pas que le moteur de la barque de Barcelone était une véritable machine à vapeur ; 3o parce qu’enfin si une machine à vapeur de Garay a jamais existé c’était, suivant toute apparence, l’éolipyle à réaction décrite dans les Œuvres d’Héron d’Alexandrie.