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MACHINES À VAPEUR

vient de lire, « que les vaisseaux à vapeur sont une invention espagnole, et que de nos jours on l’a seulement fuit revivre. » De là découlerait aussi la conséquence que Blasco de Garay doit être considéré comme le véritable inventeur des machines à feu !

Ces prétentions me paraissent de nature à être repousses l’une et l’autre. En thèse générale, l’histoire des sciences doit se faire exclusivement sur des pièces imprimées. Des documents manuscrits ne sauraient avoir aucune valeur pour le public, car la plus souvent il est dépourvu de tout moyen de constater l’exactitude de la date qu’on leur assigne. Des extraits de manuscrits sont moins admissibles encore. Quelquefois l’auteur d’une analyse n’a pas bien compris l’ouvrage dont il veut rendre compte, et il substitue, même sans le vouloir, les idées de son temps, ses propres idées, aux idées de l’écrivain qu’il abrége. J’accorderai, toutefois, qu’aucune de ces difficultés n’est applicable dans la circonstance actuelle, que le document cité par M. de Navarrete est bien de 1543, et que l’extrait de M. Gonzalez est fidèle ; mais qu’en résultera-t-il ? qu’on a essayé, en 1543, de faire marcher les bateaux avec un certain mécanisme, et rien de plus. La machine dit-on, renfermait une chaudière, donc c’était une machine à vapeur. Ce raisonnement n’est point concluant. Il existe, en effet, dans divers ouvrages, des projets de machines où l’on voit du feu sous une chaudière remplie d’eau, sans que la vapeur y joue aucun rôle : telle est, par exemple, la machine d’Amontons. Enfin, lors même qu’on admettrait que la vapeur engendrait le mouvement dans la machine de Garay, il ne s’ensuivrait pas néces-