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MACHINES À VAPEUR

aqueuse dans un des appareils décrits par Héron, mais cette vapeur y agit tout autrement que dans les machines modernes. Watt, à qui les essais du mécanicien grec n’étaient pas inconnus, croyait qu’on ne pourrait jamais en tirer rien d’utile. D’autres personnes, si je suis bien informé, augurent au contraire assez favorablement des effets qu’il serait possible d’obtenir avec le mécanisme d’Héron perfectionné, pour avoir cherché, par un brevet, à s’en assurer la jouissance exclusive : le temps et l’expérience prononceront. On voit seulement que si, par des modifications dont nous n’avons aucune idée, des machines à vapeur et à réaction réussissaient un jour et qu’on jugeât à propos d’en écrire l’histoire, il faudrait s’empresser de signaler Héron comme leur premier inventeur. Quant à moi, j’aurais pu me dispenser d’en parler, puisque je ne dois m’occuper actuellement que des machines connues, que des machines employées dans les usines, et que celles-ci n’ont aucune ressemblance avec la sphère tournante du savant d’Alexandrie. Peut-être même eût-il été convenable de citer ici de préférence les auteurs qui, tels qu’Aristote et Sénèque, attribuent les tremblements de terre à la transformation subite de l’eau en vapeur. Cette transformation, suivant eux, s’opère dans les entrailles du globe par la chaleur souterraine ; or, les grands effets qu’ils veulent expliquer montrent bien de quelle énorme puissance mécanique la vapeur leur semblait douée. J’espère, en tous cas, qu’on me pardonnera ce paragraphe, quand on verra qu’il donne une solution naturelle de la question importante, qu’a fait naître naguère la pièce dont je vais maintenant m’occuper.