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titre de premiers germes, donner quelques instants d’attention à la boule métallique du premier et aux obscures descriptions du second ; mais rien d’analogue ne se voit dans les machines vapeur en usage aujourd’hui. L’invention de ces machines réside donc tout entière dans un corps de pompe le long duquel on imprime au piston un mouvement de va-et-vient, et dans les moyens d’obtenir cet effet. Si le premier emploi de la vapeur, dans un appareil quelconque, comme principe de mouvement, donnait des droits au titre d’inventeur, ce serait Héron d’Alexandrie qu’il faudrait citer. Mais on a avec raison écarté du concours la machine rotative de ce mécanicien, parce qu’elle n’a ni par sa forme ni par le mode d’action de la vapeur, aucune affinité avec les machines de nos jours ; celles de Salomon de Caus et de Worcester, qui ne leur ressemblent pas davantage, doivent donc être écartées de même. La vitesse de l’eau est également la cause du mouvement d’une roue hydraulique et de l’ascension du liquide dans le bélier si de là on avait conclu que l’inventeur de la roue doit aussi être considéré comme inventeur du bélier, tout le monde se serait récrié. Eh bien, pour les machines à feu on a raisonné ainsi sans s’en apercevoir. Caus ou Worcester, transportés aujourd’hui, avec les connaissances de leur époque, devant une machine de Watt en action, ne soupçonneraient pas même ni l’un ni l’autre que c’est la vapeur d’eau qui engendre le mouvement ; et cependant on les appelle les inventeurs !

En rapportant ces réflexions, je leur ai laissé toute leur force. On se tromperait cependant si l’on voulait en con-