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LE TONNERRE.

zigzag, si bien connus des météorologistes, et que les habitants du pied du Vésuve appellent ferilli.

Les éclairs volcaniques vus par Hamilton en 1799 ne furent accompagnés d’aucune détonation sensible. En 1794, au contraire, des décharges comparables à celles des plus violents coups de tonnerre les suivaient constamment. L’orage formé par la seule influence du volcan était, sous tous les rapports, pareil aux orages ordinaires. Les foudres qu’il lançait produisaient les accidents accoutumés. On eut particulièrement l’occasion de se convaincre de cette parfaite ressemblance entre les effets des orages volcaniques et des orages ordinaires, en examinant l’habitation foudroyée du marquis de Berio, à San-Jorio. Les cendres dont se composait en très-grande partie le nuage volcanique avaient la finesse du tabac d’Espagne. Ce nuage fut transporté par le vent jusqu’au-dessus de la ville de Tarente, dont la distance au Vésuve est d’environ 400 kilomètres, Là aussi la foudre qui s’en détacha produisit de grands dégâts dans une maison.

Je n’ai parlé jusqu’ici que des éruptions du Vésuve. Quoique je doive peu craindre que personne s’avise d’attribuer aux nuages de fumée et de cendre qui s’élèvent du cratère de ce volcan, le privilége exclusif d’engendrer le tonnerre, je ferai cependant quelques nouvelles citations.

La première, je l’emprunterai à Sénèque.

Dans les Questions naturelles, liv. ii, § 30, je lis que pendant une grande éruption de l’Etna, le tonnerre grondait, et qu’on vit éclater la foudre au milieu des nuages de sable brûlant que le volcan vomissait.