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LE TONNERRE.

Les remarques qu’on vient de lire sont la substance de ce qu’a dit sur la matière un auteur (Beccaria) qui vivait dans une contrée (Turin) presque entièrement entourée de hautes montagnes. On saura ce qu’elles renferment de local et de général, quand on pourra les comparer à la description de la naissance, du progrès et de l’entier développement d’un orage dans un pays de plaine[1].

Personne ne doutera qu’il n’y ait quelque chose de local dans ce qui concerne la formation et le développement des nuages orageux, en lisant cette description empruntée à M. Antoine d’Abbadie, des nuages dans lesquels la foudre s’élabore souvent en Abyssinie :

« Les nuages orageux, en Éthiopie, sont toujours unis à leur surface intérieure, déchiquetés à leur surface opposée, et en général très-peu épais. Quelques-uns de ces nuages, malgré les fortes manifestations électriques dont ils étaient le foyer, n’auraient pas, dit le savant voyageur, empêché de voir les étoiles au travers. »

M. d’Abbadie croit avoir remarqué que ces nuages ont une tendance à se réunir près des pics élevés, en sorte que ces pics, imprégnés de la matière de la foudre, ont l’air d’exercer une force attractive sur les nuages.

Ajoutons, à ces différentes remarques, que les nuages orageux abandonnent souvent la direction du vent qui les

  1. Saint-Lambert, dans son poëme des Saisons, commence la description d’un orage par ces deux vers :

    On voit à l’horizon, de deux points opposés,
    Des nuages monter dans les airs embrasés :


    Le versificateur, en parlant des deux points opposés d’où certains nuages s’élèvent au début d’un orage, a-t-il décrit un phénomène local ?