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que les procédés dont ils ont doté l’art des constructions ont été la conséquence des théories mathématiques qui leur sont si familières.

Les ingénieurs, les architectes, lorsqu’ils se décidèrent à substituer le fer forgé au bois dans les constructions de toute nature, eurent besoin dès l’origine de connaître la résistance du fer. Or, la personne à qui l’on dut les premières données expérimentales à ce sujet, données sans lesquelles les constructions en fer couraient le risque de n’offrir aucune garantie de solidité, est M. Duleau (1807), le camarade et l’ami d’Augustin Fresnel.

Lorsqu’on projeta le canal de Saint-Quentin, on sentit la nécessité de conduire les eaux le long d’un souterrain de près de 6,000 mètres. Tout le monde peut concevoir combien de difficultés surgirent dans l’exécution matérielle d’un pareil travail. Brisson, de la promotion de 1794, quoique grand théoricien, les surmonta toutes, et amena à bon port cette entreprise, la plus considérable du même genre que les ingénieurs modernes aient osé entreprendre.

Je visitais un jour la digue ou brise-lames de Cherbourg avec un étranger illustre, mon ami, M. de Humboldt : « Ah ! me dit-il, on ne se fait une juste idée de cette construction gigantesque qu’après l’avoir parcourue et examinée de près. » Cette réflexion est d’une grande justesse.

Ce qu’on doit admirer surtout, c’est le grand mur de près de 4,000 mètres de longueur, qui surmonte l’enrochement artificiel, auquel l’ingénieur Duparc (1795) et ses successeurs, tous anciens élèves de l’École sont par-