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exercer au plus haut degré l’esprit inventif et pratique des ingénieurs qui les ont dirigées. De ce nombre est le pont de Bordeaux, dont l’exécution a présenté des difficultés très-graves, à cause surtout du fond de vase extrêmement épais au-dessous duquel il fallut aller fonder les piles. À l’origine, si je ne me trompe, les piles de ce pont furent projetées et exécutées pour servir d’appui aux arches d’un pont en charpente. Plus tard, on voulut substituer le fer au bois. Enfin les piles étaient déjà achevées lorsqu’on imagina de faire le pont en maçonnerie. Les modifications qu’il a fallu apporter aux anciennes méthodes pour établir un pont en maçonnerie sur des piles originairement destinées à supporter de la charpente font le plus grand honneur aux ingénieurs qui les ont imaginées et mises en pratique, à l’ingénieur en chef Deschamps et à ses collaborateurs, anciens élèves de l’École polytechnique, parmi lesquels je me contenterai de citer M. Billaudel (1810). Le pont de Bordeaux est un véritable monument.

Un monument non moins digne d’admiration, est le pont qu’on a jeté sur le Rhône devant Beaucaire, pour lier le chemin de fer de Marseille au chemin de la rive droite de ce fleuve, aboutissant à Nîmes, à Montpellier, etc. Ce pont fait le plus grand honneur à M. Talabot (1819) et à M. Émile Martin (1812), qui a exécuté dans ses vastes ateliers, près de Fourchambault, les immenses pièces de fonte qui ont assuré la réussite de ce magnifique travail.

Je ne m’étendrai pas, comme je pourrais le faire, sur la multitude de ponts remarquables dont notre territoire