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publique se fait jour et ce sujet dans toutes les circonstances. Ainsi, on dit généralement, École de droit, École de médecine, École des arts et manufactures, École de marine, École d’État-major ; mais quand il s’agit de la création de Monge, on se contente du mot générique d’École. Les locutions : Je suis élève dû l’École, je suis sorti de l’École en telle année, sont parfaitement comprises de tout le monde ; elles signifient implicitement : J’appartiens ou j’ai appartenu à la première École dont le pays puisse s’honorer.

Croyez-vous, Messieurs les réformateurs, que la question dont vous êtes saisis fût nouvelle ? Vous seriez dans une grande erreur.

Des généraux, dont tout l’avancement s’était fait sur les champs de bataille, des généraux, très-braves canonniers, mais nullement artilleurs, harcelaient sans cesse l’Empereur de leurs doléances sur ce qu’ils appelaient les tendances trop scientifiques des officiers sortis de l’École polytechnique.

Napoléon avait dit que la répétition est la plus puissante des figures de rhétorique ; il éprouva lui-même en cette circonstance la vérité de son adage. Les plaintes des vieux canonniers, évidemment suggérées par un sentiment de jalousie, avaient fini par faire quelque impression sur son esprit, et il témoigna plusieurs fois la velléité de réduire, du moins quant aux élèves qui se destinaient à l’artillerie, le nombre et la rigueur des épreuves ; mais il renonça à ce projet, qui l’aurait mis en désaccord avec l’opinion unanime de la pléiade de savants illustres, fondateurs des études polytechniques. D’ail-