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tiers changé de fond en comble le régime intérieur de l’École, pour permettre à toute la jeunesse, sans distinction, de profiter des trésors de science qui tous les jours étaient étalés devant des élèves privilégiés.

Un ingénieur, directeur d’une grande usine, est depuis longtemps en possession d’un moteur qui y met tout en action. On lui propose de le remplacer par un mécanisme différent. S’il est sage, il se rappelle alors cet adage du fabuliste :

Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras.

Pour ne pas se jeter étourdiment dans les aventures, il examine avec la plus scrupuleuse attention la nouvelle invention, et consulte sur les inconvénients vrais ou apparents de l’ancienne, ses contre-maîtres, ses ouvriers, et jusqu’aux simples manœuvres ; c’est alors seulement qu’il prononce. Cette marche, si je ne me trompe, devrait être celle de tout gouvernement à qui l’on demande de substituer une nouveauté, douée, suivant les inventeurs, de tous les avantages imaginables, à une organisation que l’expérience à déjà consacrée.

De tels changements s’établissent sur des bases solides, alors seulement que l’opinion les avait déjà réclamés par toutes les voies de la publicité. En cette matière, arriver un peu tard ne saurait être un mal, car, dans des mouvements désordonnés, on a souvent, à son insu, marché à reculons au lieu de progresser. Je n’ignore pas que l’ancienne École polytechnique a été critiquée par des délégués de quelques écoles d’application ; mais est-il bien certain que ces critiques, scrupuleusement examinées, ne