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carré des distances mesurées à partir du centre de notre globe. Cette fois, le calcul numérique justifia les prévisions ; le grand homme en éprouva une telle joie, cette coïncidence produisit chez lui une telle excitation nerveuse, qu’il fut incapable de vérifier son calcul numérique, tout simple qu’il était, et se vit obligé pour cela de recourir à un ami.

N’oublions jamais, lorsque l’occasion s’en présente, de montrer que les travaux calmes de la science procurent non-seulement des émotions plus durables que celles qu’on va puiser au milieu des frivolités du monde, mais qu’elles en ont aussi assez souvent la vivacité.

On voyait, dans le laboratoire de Gay-Lussac, à côté des fourneaux, des cornues, des appareils de tout genre, une petite table en bois blanc, sur laquelle notre ami consignait le résultat de ses expériences, au fur et à mesure de leurs progrès. C’était, qu’on me passe l’assimilation, le bulletin exact, écrit pendant la bataille.

C’est sur cette petite table que furent aussi tracés des articles concernant divers points de doctrine ou des questions de priorité.

Il était impossible qu’en racontant la vie d’un homme dont les principaux travaux remontent au commencement de ce siècle, époque de la rénovation entière de la chimie, nous n’eussions pas à signaler des discussions de ce genre.

Cette polémique scientifique a particulièrement eu lieu entre Gay-Lussac, Dalton, Davy, Berzélius, etc. On voit que notre ami eut affaire à de-rudes jouteurs, à des adversaires dignes de lui.