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DE
L’UTILITÉ DES PENSIONS
ACCORDÉES.
AUX SAVANTS, AUX LITTÉRATEURS,
AUX ARTISTES[1]

Pendant la seconde Restauration, les savants, les hommes de lettres, les artistes furent tous menacés dans leur existence. Des députés, en tête desquels figurait le célèbre M. Cormenin, qu’on est tout étonné de rencontrer dans cette croisade, voulaient, par les considérations budgétaires les plus mesquines, placer toutes les intelligences du pays sous le même niveau. Ils annoncèrent l’intention de faire décider qu’un savant n’occuperait jamais plus d’un emploi ; c’était porter à 5,000 francs le maximum de fortune qu’il eut été possible d’atteindre, puisque les emplois les plus élevés dans l’ordre scientifique ne comportent que très-rarement une rétribution annuelle supérieure à ce chiffre.

Pour arriver à leur but, les ennemis de la science n’oublièrent pas de recourir à un moyen de succès presque infaillible dans notre pays, ils appelèrent d’un nom flétrissant les hommes laborieux qui, à l’aide d’un travail

  1. Œuvre posthume.