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Newton, que la lumière se compose de molécules matérielles d’une excessive ténuité et douées, dans le vide, d’une vitesse de 77,000 lieues par seconde. Toutefois, on doit prévenir ceux qui voudraient se prévaloir de cette imposante autorité, que le principal argument de Laplace en faveur du système de l’émission, était la possibilité d’y tout soumettre à des calculs simples et rigoureux, tandis que la théorie des ondes présentait et qu’elle offre encore aujourd’hui aux analystes d’immenses difficultés. Il était naturel qu’un géomètre qui avait si élégamment rattaché les lois de la réfraction simple que la lumière subit dans l’atmosphère, les lois de la réfraction double qu’elle éprouve dans certains cristaux, à des forces attractives et répulsives, n’abandonnât pas cette voie avant d’avoir mathématiquement reconnu l’impossibilité d’arriver de la même manière à des explications plausibles des phénomènes de la diffraction et de la polarisation. Au reste, le soin que Laplace prit toujours de pousser autant que possible ses recherches jusqu’aux déductions numériques, permettra aux physiciens qui entreprendront une comparaison complète des deux théories rivales de la lumière, de puiser dans la Mécanique céleste les données de plusieurs rapprochements pleins d’intérêt et très-piquants.

La lumière est-elle une émanation du Soleil ? cet astre lance-t-il à chaque instant et dans toutes les directions une partie de sa propre substance ? diminue-t-il graduellement de volume et de masse ? L’attraction solaire sur notre globe deviendra alors de moins en moins considérable ; le rayon de l’orbite terrestre, au contraire, ne