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laient un jour, pendant le temps que la Terre employait à faire une révolution sur elle-même : la vitesse de la Lune, en effet, est indépendante de la durée du mouvement de rotation de notre globe.

Maintenant, prenez avec Laplace, dans les Tables connues, les valeurs les plus faibles, si vous voulez, des dilatations ou contractions que les corps solides éprouvent par des changements de température ; fouillez ensuite dans les annales de l’Astronomie grecque, arabe et moderne, pour y puiser la vitesse angulaire de la Lune, et le grand géomètre fera jaillir de ces données la preuve invincible qu’en 2,000 ans la température moyenne du globe n’a pas varié de la centième partie d’un degré centigrade.

Il n’est point de mouvement d’éloquence qui puisse résister à l’autorité d’une semblable argumentation, à la puissance de pareils chiffres. Les mathématiques ont été de tout temps les adversaires implacables des romans scientifiques.

La chute des corps, si elle n’était pas un phénomène de tous les instants, exciterait justement et au plus haut degré l’étonnement des hommes. Quoi de plus extraordinaire, en effet, que de voir une masse inerte, c’est-à-dire privée de volonté, une masse qui ne doit avoir aucune propension à marcher dans tel sens plutôt que dans tel autre, se précipiter vers la Terre dès qu’elle cesse d’être soutenue !

La nature engendre la pesanteur des corps par des voies tellement cachées, tellement en dehors de la portée de nos sens et des ressources ordinaires de l’intelligence