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sujette qu’à de petits changements périodiques : c’est le grand axe de chaque orbite, et conséquemment le temps de la révolution de chaque planète ; c’est la quantité qui aurait dû principalement varier, suivant les préoccupations savantes de Newton et d’Euler.

La pesanteur universelle suffit à la conservation du système solaire ; elle maintient les formes et les inclinaisons des orbites dans un état moyen autour duquel les variations sont légères ; la variété n’entraîne pas le désordre ; le monde offre des harmonies, des perfections dont Newton lui-même doutait. Cela dépend de circonstances que le calcul a dévoilées à Laplace, et qui, sur de vagues aperçus, ne sembleraient pas devoir exercer une si grande influence. À des planètes se mouvant toutes dans le même sens, dans des orbites d’une faible ellipticité, et dans des plans peu inclinés les uns aux autres, substituez des conditions différentes, et la stabilité du monde sera de nouveau mise en question, et, suivant toute probabilité, il en résultera un épouvantable chaos.

Quoique, depuis le travail que nous venons de citer, l’invariabilité des grands axes des orbites planétaires ait été encore mieux démontrée, c’est-à-dire à l’aide de plus d’extension dans les approximations analytiques[1], elle n’en restera pas moins une des admirables découvertes de l’auteur de la Mécanique céleste. Les dates, sur de pareils sujets, ne sont pas un luxe d’érudition : le Mémoire où Laplace donna ses résultats sur l’invariabilité des moyens mouvements ou des grands axes, est de 1773 ;

  1. On peut voir sur cet objet de très-beaux Mémoires de Lagrange et de Poisson.