Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/479

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comète de 1682 ; il désigna les constellations, les étoiles qu’elle rencontrerait dans sa marche.

Ce n’était pas ici une de ces prédictions à long terme que les astrologues ou autres devins combinaient jadis très-artistement avec les tables de mortalité, de manière à ne point recevoir de démenti de leur vivant : l’événement allait arriver ; il ne s’agissait de rien moins que de créer une ère nouvelle pour l’astronomie cométaire, ou de jeter sur la science une défaveur dont elle se serait longtemps ressentie.

Clairaut trouva, par de savants, par de très-longs calculs, que les actions de Jupiter et de Saturne avaient dû retarder la marche de la comète ; que la durée de sa révolution entière, comparée à la précédente, s’en trouverait augmentée de 518 jours par l’attraction de Jupiter, et de 4100 par l’attraction de Saturne, formant un total de 618 jours, ou de plus d’un an et huit mois.

Jamais question astronomique n’excita une curiosité plus vive, plus légitime. Toutes les classes de la société attendaient avec un égal intérêt la réapparition annoncée. Un laboureur saxon, Palitszch, l’aperçut le premier. À partir de ce moment, d’une extrémité de l’Europe à l’autre, mille télescopes marquèrent chaque nuit des points de la route de l’astre à travers les constellations. La route fut toujours, dans les limites de la précision du calcul, celle que Clairaut avait assignée d’avance. La prédiction de l’illustre géomètre s’était accomplie à la fois dans le temps et dans l’espace ; l’astronomie venait de faire une grande, une importante conquête, et de détruire du même coup, comme c’est l’ordinaire, un préjugé honteux, invé-