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réellement sur leur route des difficultés contre lesquelles le génie de Newton s’était brisé.

Cinq géomètres, Clairaut, Euler, d’Alembert, Lagrange, Laplace, se partagèrent le monde dont Newton avait révélé l’existence. Ils l’explorèrent dans tous les sens, pénétrèrent dans des régions qu’on pouvait croire inaccessibles, y signalèrent des phénomènes sans nombre que l’observation n’avait pas encore saisis ; enfin, et c’est là leur gloire impérissable, ils rattachèrent à un seul principe, à une loi unique, ce que les mouvements célestes offraient de plus subtil, de plus mystérieux. La géométrie eut aussi la hardiesse de disposer de l’avenir ; les siècles, en se déroulant, viennent scrupuleusement ratifier les décisions de la science.

Nous ne nous occuperons pas des magnifiques travaux d’Euler. Nous placerons ici, au contraire, l’analyse rapide des découvertes de ses quatre rivaux, nos compatriotes[1].

Si un astre, la Lune par exemple, gravitait seulement vers le centre de la Terre, elle parcourrait mathématiquement une ellipse ; elle obéirait strictement aux lois de Kepler, ou, ce qui est la même chose, aux principes de mécanique développés par Newton dans les premiers chapitres de son immortel ouvrage.

  1. On nous demanderai peut-être pourquoi nous plaçons Lagrange parmi les géomètres français. Voici en deux mots notre réponse : Celui qui s’appelait Lagrange Tournier, les deux noms les plus français qu’il soit possible d’imaginer ; celui qui avait pour aïeul maternel M. Gros, et pour bisaïeul paternel un officier français, né à Paris, celui qui n’écrivit jamais qu’en français, et fut revêtu dans notre pays de hautes dignités pendant près de trente années, nous semble, quoique né à Turin, devoir être considéré comme Français.