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Nos trois jeunes voyageurs apprirent à Milan que le monde scientifique était en rumeur à l’occasion d’une prétendue découverte de M. Configliachi. Suivant le chimiste italien, l’eau eût été un composé d’acide muriatique et de soude, éléments que la pile séparait sans difficulté ; Volta, consulté par nos trois voyageurs sur le mérite de l’observation, répondit : J’ai vu l’expérience, mais je n’y crois pas ; c’est en ces termes que l’immortel physicien exprimait la réserve qui doit accueillir les faits extraordinaires semblables au prétendu phénomène sur lequel son élève Configliachi espérait arriver à une grande renommée. La remarque s’applique surtout aux faits aperçus avec ces instruments d’une extrême délicatesse que l’observateur influence par sa présence, par sa respiration et par les émanations de son corps. Le dicton voltaïque, je l’ai vu, mais je n’y crois pas, aurait pu être appliqué dans des occasions récentes ; il eût épargné à la science quelques pas rétrogrades et à certains auteurs un inqualifiable ridicule.

Les 14 et 15 octobre, nos trois voyageurs traversèrent le Saint-Gothard ; il ne fut pas donné à Gay-Lussac de jouir d’un spectacle dont il s’était promis beaucoup de plaisir et d’instruction. Un brouillard épais lui déroba pendant toute la journée la vue des objets les plus voisins. Gay-Lussac se dédommagea de ce contre-temps à Lucerne par une étude minutieuse du beau relief de la Suisse du général Pfiffer.

À Gœttingue, le 4 novembre, le grand naturaliste Blumenbach, alors plein de vie et d’activité, fit avec empressement les honneurs de l’université à notre jeune compatriote.