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émettent une lumière plus intense que d’ordinaire, mais interrompue par des interstices sombres ; les corps bleus sont ceux qui envoient une lumière raréfiée, ou qui sont composés de molécules blanches et noires alternant les unes avec les autres ; les corps verts ressemblent dans leur composition aux corps bleus ; le jaune est le mélange de beaucoup de blanc et d’un peu de rouge ; le pourpre résulte d’une grande quantité de bleu mélangé d’une petite portion de rouge. La couleur bleue de la mer provient de la blancheur du sel qu’elle contient mélangée avec la noirceur de l’eau pure dans laquelle le sel est dissous. La couleur bleue des ombres des corps vus en même temps à l’aide d’une chandelle et de la lueur du crépuscule provient du mélange de la blancheur du papier avec la faible lumière crépusculaire. »

Ce passage, que j’emprunte à la Vie de Newton par sir David Brewster, montre, comme nous le fait remarquer cet illustre physicien, qu’en 1669, Newton n’était pas encore en possession de sa théorie des couleurs, car, dans le cas contraire, il eût été coupable de laisser son professeur et ami publier des conceptions si peu d’accord avec les vrais principes de la science.

On trouve toutefois dans la théorie de Barrow, quelque ridicule qu’elle soit, plusieurs passages qui méritent d’être remarqués au point de vue expérimental et historique : d’abord, la supposition que du mélange de deux couleurs résulte une couleur différente des deux premières ; secondement, la première observation qui soit venue à ma connaissance des ombres colorées ; troisièmement, les premiers rudiments de la supposition, depuis si longue-