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grand nombre ; nos voyageurs eurent beaucoup à se louer des provenances et de la politesse exquise du duc de la Torre et du colonel Poli ; il n’en fut pas de même du docteur Thompson lorsqu’ils se présentèrent, accompagnés d’un savant napolitain, pour étudier son musée, il leur adressa ces paroles outrageantes : « Partagez-vous, Messieurs, je peux avoir les yeux sur deux, mais non pas sur quatre. » On est tenté de se demander dans quelle société de lazzaroni M. Thompson avait puisé cette bassesse de sentiments et ce cynisme de langage ; mais tout s’explique simplement lorsqu’on sait que Thompson était le médecin, l’ami, l’homme de confiance du général Acton, le promoteur des assassinats politiques qui souillèrent Naples à la fin du siècle dernier.

Dans ses voyages aux environs de Naples, par terre et par mer, M. Gay-Lussac rectifia des idées erronées, généralement adoptées alors. Il trouva, par exemple, que l’air contenu dans l’eau de mer renferme, au lieu de 21 parties d’oxygène, comme l’air ordinaire, au delà de 30 parties d’oxygène pour 100. Il visita avec M. de Buch le Monte-Nuovo et l’Epomeo. En voyant le Monte-Nuovo, Gay-Lussac se rangea entièrement à l’opinion que M. de Buch commençait déjà à répandre dans le monde savant, et suivant laquelle des montagnes peuvent sortir subitement de terre par voie de soulèvement. L’Epomeo se présenta à eux avec le caractère d’un volcan avorté sans feu ni fumée, ni cratère d’aucune sorte.

Après avoir terminé leurs travaux à Naples, nos voyageurs reprirent la route de Rome, où ils séjournèrent peu de temps.