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l’esprit et dans le cœur de tous ceux qui eurent le bonheur de le connaître.

Un jour, M. de Humboldt aperçut parmi les personnes réunies dans le salon de la maison de campagne d’Arcueil, un jeune homme à la taille élevée et au maintien modeste, mais ferme. « C’est Gay-Lussac, lui dit-on, le physicien qui récemment n’a pas craint de s’élever dans l’atmosphère à la plus grande hauteur où les hommes soient parvenus, pour résoudre d’importantes questions scientifiques. — C’est, ajouta Humboldt dans un aparté, l’auteur de la critique acerbe de mon travail eudiométrique. » Mais bientôt, surmontant le sentiment d’éloignement que cette réflexion pouvait inspirer à un caractère ardent, il s’approche de Gay-Lussac, et après quelques paroles flatteuses sur son ascension, il lui tend la main et lui offre affectueusement son amitié : c’était, sous toute réserve, le soyons amis, Cinna ! de la tragédie, mais sans les réflexions blessantes qui, selon ce que rapporte Voltaire, firent dire au maréchal de La Feuillade, lorsqu’il venait de les entendre pour la première fois « Ah ! Auguste, comme tu me gâtes le soyons amis, Cinna ! » Tel fut le point de départ d’un attachement qui ne s’est jamais démenti et qui porta bientôt d’heureux fruits. Nous voyons, en effet, immédiatement après, les deux nouveaux amis exécuter en commun un travail eudiométrique important.

Ce travail, lu à l’Académie des sciences le 1er pluviôse an xiii, avait pour objet principal l’appréciation de l’exactitude à laquelle on peut arriver dans l’analyse de l’air avec l’eudiomètre de Volta ; mais les auteurs touchèrent