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La liaison que j’essaie d’établir ici entre les embarras de la vie privée de Kepler et ses ouvrages d’imagination, perdra le caractère paradoxal qu’on pourrait de prime abord vouloir lui attribuer, lorsqu’on aura lu la biographie du restaurateur de l’astronomie moderne, fondée en partie sur un ouvrage où M. Breitschwert a analysé des manuscrits inédits découverts en 1831[1].

Jean Kepler naquit le 27 décembre 1571, à Magstatt, village wurtembergeois, à une lieue de la ville impériale de Weil en Souabe. Il vint au monde à sept mois. Il était très-faible et avait la vue délicate. Son père, Henri Kepler, était fils d’un bourgmestre de la ville de Weil. Sa famille, très-pauvre, avait des prétentions à la noblesse, un des aïeux de Kepler ayant été fait chevalier à Rome par l’empereur Sigismond. Sa mère, Catherine Guldenmann, fille d’un aubergiste des environs de Weil, n’avait aucune culture intellectuelle ; elle ne savait même ni lire ni écrire ; sa jeunesse s’était passée chez une tante, qui fut brûlée pour cause de sorcellerie.

Le père de Kepler fit la guerre contre les Belges sous le duc d’Albe.

Kepler fut atteint de la petite vérole à six ans. À peine était-il échappé à cette maladie, qu’on l’envoya à l’école de Leonberg, en 1577. Mais lorsque son père revint de l’armée, il se trouva totalement ruiné par la faillite d’un individu qui fit banqueroute, et en faveur duquel il avait imprudemment donné sa garantie. Il ouvrit alors un

  1. Je suis redevable des emprunts que j’ai pu faire à l’ouvrage de M. Brettsehwert, à l’amitié de M. de Humboldt. Je lui en témoigne ici toute ma reconnaissance.