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thalers pris sur sa propre fortune. L’énormité de cette somme ne surprendra pas ceux qui liront dans l’ouvrage de Tycho, intitulé Astronomiœ instauratœ Mechanica, la description des machines variées et de dimensions colossales (5 à 6 coudées, 2m à 2m.5) dont il fit successivement usage. Tous ces nouveaux instruments avaient des limbes de cuivre et étaient divisés avec le plus grand soin. Les déboires qu’il éprouva souvent dans ces constructions délicates lui inspirèrent cette exclamation : « Un bon instrument est le phénix de l’Arabie ! » Cependant Tycho croyait pouvoir arriver par tous les moyens qu’il rassemblait à la précision de 1/3, 1/4 et même 1/6e de minute.

La mesure du temps est ce qui avait fait le plus ordinairement défaut aux anciens observateurs. Tycho essaya des clepsydres et des horloges.

Dans les premiers de ces instruments, du mercure purifié et bien revivifié s’échappait par un petit orifice, en conservant toujours la même hauteur dans le vase conique qui le renfermait ; le poids du mercure écoulé devait donner le temps. Il employa aussi le plomb purifié et réduit en poudre très-subtile ; « mais pour confesser la vérité, dit-il, le rusé Mercure, qui est en possession de se moquer également des astronomes et des chimistes, s’est ri de mes efforts, et Saturne[1], non moins trompeur, quoique d’ailleurs ami du travail, n’a pas mieux secondé celui que je m’étais imposé. »

On voyait dans la collection des instruments réunis par Tycho, plusieurs horloges à secondes, bien entendu sans

  1. Nom donné au plomb par les anciens chimistes.