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En point de fait, la filiation, jadis obscure de Copernic, est depuis quelque temps parfaitement éclaircie.

Le grand-père de l’auteur des Révolutions célestes, né en Bohême, alla s’établir à Cracovie et y acquit le droit de bourgeoisie ; il faisait le commerce. Ses enfants s’instruisirent dans les écoles de cette ville. Un d’eux (il avait pris l’état de boulanger) épousa à Thorn, depuis dix ans réincorporé à la Pologne (1464), Barbe Wasselrode, sœur de l’évêque de Warmie. Copernic fut le seul fruit de cette union.

Copernic, encore enfant, apprit les langues anciennes dans la petite école Saint-Jean à Thorn. À dix-huit ans, son oncle l’envoya à l’université de Cracovie. Il s’y livra d’abord avec une ardeur extrême à l’étude de la philosophie et de la médecine ; mais le hasard le conduisit aux leçons d’Albert Brudzewski, professeur d’astronomie, et lui révéla sa véritable vocation.

Il cultiva à la même époque l’art de la peinture, dans lequel il fit des progrès remarquables. À vingt-trois ans

    naise, furent de nouveau réunies à la Pologne par un acte authentique. » Plus loin M. Czinski proteste avec une grande vivacité contre la place qu’on a assignée à Copernic parmi les illustrations allemandes dans le temple de Walhala, près de Munich. Il ajoute enfin, comme preuve décisive, que, pendant son séjour à Padoue, Copernic se fit inscrire lui-même sur la liste des étudiants polonais qui suivaient les cours de l’Université.

    Un fait par lequel je terminerai cette note, c’est que la tour de Frauenburg, actuellement en Prusse, qui servait d’observatoire à Copernic, est devenue une prison. Au point de vue du sentiment, cette circonstance pourrait être citée comme une preuve que le grand astronome n’était pas Allemand, mais cet argument paraîtra avoir moins de valeur si l’on se rappelle tous les hommes célèbres que leurs compatriotes eux-mêmes ont dédaignés et voués à l’oubli.