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mière par les Arabes, dont malheureusement les ouvrages n’ont pas été assez répandus.

Aboul-Wéfâ, en comparant ses propres observations à celles des astronomes qui s’étaient succédé depuis Al-Mamoun, et aux tables de Ptolémèe, avait été amené à signaler dans la théorie lunaire une correction importante : il avait clairement indiqué la troisième inégalité, appelée variation par Tycho-Brahé, et toutes les objections soulevées contre la découverte de l’auteur arabe n’ont pu détruire ce fait désormais acquis à la science, que tout homme ignorant l’existence de la variation et lisant le passage d’Aboul-Wéfâ aurait été conduit infailliblement à la détermination de la même inégalité que celle de Tycho[1].

Non-seulement Aboul-Wéfâ observait par lui-même, mais il prenait un intérêt extrême aux travaux de ses contemporains. Nous le voyons assister en 988 à deux observations de solstice et d’équinoxe, faites à Bagdad par l’astronome Alkuhi, et dont l’écrivain arabe Alsouzeni nous a conservé tous les détails. Aboul-Wéfâ entretenait en même temps avec ses amis une correspondance mathématique. À sa mort (998), l’école scientifique de Bagdad était à son déclin ; l’Asie était déjà bouleversée par les Ghasnévides et le Caire allait devenir le foyer d’un grand mouvement intellectuel qui devait rayonner sur toute l’Afrique occidentale et l’Espagne.

  1. Voyez L.-Am. Sédillot, Matériaux pour servir à l’histoire des sciences mathématiques chez les Grecs et les Orientaux, t. Ier.