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Abbassides, réduits à l’autorité spirituelle et revêtus de la dignité d’emir al omrah (émir des émirs), que l’on peut comparer à celle de maire du palais, ils maintenaient la paix dans l’empire et renouvelaient les prodiges du règne d’Al-Mamoun. L’un de ces princes, Adhad Eddaulah, qui avait appris l’astronomie d’Ebn al Aalam et étudié le ciel étoilé avec Abdurrahman-Suphi, devait, pendant un règne de trente-trois ans, se montrer le protecteur éclairé des lettres, et transmettre à ses successeurs le désir de favoriser le progrès des sciences. Aboul-Wéfâ trouva donc dans les chefs de l’État les encouragements nécessaires pour ses travaux, et tandis qu’il commentait Euclide et Diophante, qu’il écrivait un Traité d’arithmétique dont un volume se trouve à la Bibliothèque de Leyde, qu’il traduisait un Traité d’algèbre d’un certain Hipparque, surnommé le Rafanien, il se livrait aux observations astronomiques, corrigeait les tables de ses devanciers et rédigeait un almageste tout à fait original, qui révèle dans l’auteur un esprit aussi profond que lucide et un mérite d’exposition bien rare chez les écrivains Arabes. Les premiers chapitres de cet almageste contiennent les formules des tangentes et des sécantes, des tables de tangentes et de cotangentes pour tout le quart de cercle. Aboul-Wéfâ en fait le même usage qu’aujourd’hui dans les calculs trigonométriques ; il change les formules des triangles ; il en bannit ces expressions composées, si incommodes, où se trouvaient à la fois le sinus et le cosinus de l’inconnue. On en faisait sans aucun fondement honneur à Régiomontanus, et l’on n’en a joui en Europe que six cents ans après l’invention pre-