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MALUS.

se réfléchit partiellement, c’était le rayon ordinaire qui passait en totalité.

Les phénomènes de réflexion devenaient ainsi un moyen de distinguer les uns des autres les rayons polarisés en divers sens. Dans cette nuit, qui succéda à l’observation fortuite de la lumière solaire réfléchie par les fenêtres du Luxembourg, Malus créa l’une des branches les plus remarquables de l’optique moderne et acquit des droits, que personne ne contestera, à une renommée immortelle.

Je dépasserais les limites qui me sont tracées si j’analysais ici toutes les observations que fit notre confrère, en suivant la marche des rayons directs et réfléchis dans lesquels se développent des phénomènes de polarisation. Mais je ne puis me dispenser, pour préparer le lecteur à l’intelligence de faits très-curieux dont Malus enrichit la science, en 1811, de donner la définition d’un terme que je vais avoir l’occasion d’employer celui de rayon partiellement polarisé.

Un rayon de lumière naturelle donne toujours deux images de même intensité, quelle que soit, relativement à ce rayon, la position de la face du cristal qu’il traverse. Un rayon complétement polarisé ne donne qu’une image dans deux positions particulières de la face de ce cristal. Un rayon partiellement polarisé jouit en quelque sorte de propriétés intermédiaires entre celles du rayon naturel et du rayon complétement polarisé. Comme le rayon naturel, il donne toujours deux images ; comme avec le rayon polarisé, ces deux images ont des intensités variables avec la position du cristal analyseur.