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MALUS.

seulement qu’on lui a fait faire un quart de tour sur lui-même.

Si l’on se rappelle que des rayons lumineux sont si déliés que des milliards peuvent passer par le trou d’une aiguille sans se troubler mutuellement, les esprits réfléchis reconnaîtront tout ce qu’il y a d’admirable, presque d’incompréhensible dans le fait que nous venons de citer et dont la découverte est due a Huygens. Les deux faisceaux de rayons qui, après être sortis simultanément d’un cristal d’Islande, ont des côtés doués de propriétés différentes, s’appellent des rayons polarisés par opposition aux rayons de lumière naturelle, lesquels ont la même propriété tout autour de leur circonférence, puisqu’ils se partagent toujours en deux faisceaux de même intensité, quelle que soit l’orientation du cristal avec lequel on les analyse.

J’ai dit quelle était la position que devait avoir un second cristal pour que les rayons ordinaires et extraordinaires provenant d’un premier cristal y conservassent les mêmes dénominations ; dans les positions intermédiaires de ce second cristal, les rayons soit ordinaires, soit extraordinaires, provenant du premier, se partagent généralement en deux, seulement les intensités des faisceaux sont ordinairement très-dissemblables.

Tel était l’état de nos connaissances sur cette branche si délicate et si singulière de l’optique, lorsqu’un jour, dans sa maison de la rue d’Enfer, Malus se prit à examiner avec un cristal doué de la double réfraction, les rayons du Soleil réfléchis par les carreaux de vitre des fenêtres du Luxembourg. Au lieu de deux images intenses