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MALUS.

les faces homologues soient parallèles, le rayon ordinaire n’éprouve en le traversant que la réfraction ordinaire, et le rayon extraordinaire y reste et en sort exclusivement un rayon extraordinaire. La lumière naturelle, en traversant le premier cristal, y a donc changé de nature. En effet, si, en se dédoublant, elle avait conservé ses propriétés primitives, le rayon ordinaire et le rayon extraordinaire se seraient, l’un et l’autre, partagés en deux faisceaux en traversant le second cristal. À la sortie de ce second cristal, on aurait eu quatre images au lieu de deux. La première idée qui vint à l’esprit fut que la lumière naturelle se composait de parties susceptibles, les unes d’éprouver la réfraction ordinaire, les autres, en nombre égal, la réfraction extraordinaire. Mais cette hypothèse fut radicalement renversée par une expérience très-simple.

En faisant faire au second cristal un quart de révolution sur lui-même, sans qu’il cessât de rester parallèle au premier, le rayon ordinaire y devenait extraordinaire, et le rayon extraordinaire n’éprouvait plus cette fois que la réfraction ordinaire.

Le rayon ordinaire et le rayon extraordinaire en sortant du premier cristal étaient donc tout pareils ; il suffisait, pour qu’ils ne pussent pas être distingués l’un de l’autre, de faire tourner de 90° l’un de ces rayons sur lui-même ou autour de sa ligne de propagation. Nous voilà donc amenés par des phénomènes de double réfraction a distinguer, dans des rayons lumineux, des côtés doués de propriétés différentes. Nous voilà conduits par l’observation à reconnaître que le rayon extraordinaire sortant d’un cristal d’Islande a les propriétés du rayon ordinaire, alors