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MALUS.

voulu que Huygens se fût contenté de présenter sa loi comme le fruit de l’expérience. Mais, qu’on me permette de le dire, la haine des théories ne va-t-elle pas trop loin, lorsqu’elle conduit à conseiller la dissimulation ou le manque de sincérité.

Newton voulut substituer à la loi de Huygens d’autres règles qui ne se sont pas trouvées conformes aux faits.

Parmi les observateurs modernes, Wollaston est la premier qui ait établi la vérité des principes donnés par le savant hollandais ; il se servit, pour faire cette vérification, de la méthode ingénieuse à l’aide de laquelle il trouvait l’indice de réfraction par l’observation de la réflexion totale. Il paraît qu’en 1808, ces vérifications n’avaient pas semblé suffisantes aux physiciens de l’Académie des Sciences, puisqu’ils proposèrent la question comme sujet de prix aux expérimentateurs. Quoi qu’il en soit, Malus traduisit en formules analytiques la construction de Huygens ; il compara la déviation des rayons extraordinaires, déduite de cette formule, aux nombres résultant d’expériences très-précises, et l’accord fut toujours parfait. Ainsi, la conception géométrique de Huygens se trouva complètement établie, quoique originairement son auteur y eût été conduit par des vues théoriques.

Un rayon de lumière se partage en deux rayons, qui sont exactement de même intensité quelle que soit la position du cristal d’Islande qu’il traverse, et dans lequel la division s’est effectuée ; mais il n’en est pas de même du cas où les rayons sortant d’un premier cristal sont analysés avec un second cristal tout pareil. Si ce second cristal est situé, relativement au premier, de manière que