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MALUS.

telle bataille d’Héliopolis, où 11,000 hommes triomphaient de plus de 60,000.

Le lendemain de la victoire, une circonstance particulière, que je trouve relatée dans l’agenda, eut des conséquences fâcheuses. « Le lendemain 30, à deux heures du matin, dit Malus, l’armée se mit en marche pour Belbeys où nous comptions trouver l’armée turque réunie. Je partis avec la division Friant. Après une heure de marche, je m’aperçus que nous nous égarions dans le désert ; comme la nuit était fort obscure, on avait perdu les traces ordinaires. J’en rendis compte au général, qui m’écouta un moment ; mais d’autres personnes exposèrent leurs raisons avec tant d’assurance, qu’on continua la marche. Une heure et demie après nous nous dirigions précisément vers le lieu d’où nous étions partis, ce dont je m’aperçus à la position de l’étoile polaire que nous laissions derrière nous. Cette fois on m’écouta et je ramenai la division dans la vraie route. Cet égarement nous causa néanmoins beaucoup de retard, et les autres divisions furent obligées de nous attendre à une lieue de Belbeys. »

On voit à quoi tiennent les plus grands événements de la guerre. Si l’on avait eu dans la division Friant une boussole de quelques millimètres de rayon semblable à celles qu’on voit généralement figurer parmi les breloques des montres les plus communes, ou bien si des officiers infatués de leur mérite n’avaient pas fait prévaloir leur opinion sur celle de Malus, les divisions de notre armée eussent été réunies beaucoup plus tôt et l’armée du grand vizir eût éprouvé près de Belbeys des pertes considérables.