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MALUS.

qui les avait indiquées comme devant conduire au but avec le moins de fatigue possible. Quelques moments de conversation montrèrent à l’ingénieur qu’il venait de découvrir dans l’humble terrassier du 15e bataillon de Paris un homme supérieur, et il l’envoya à l’École polytechnique qui venait d’être fondée.

Malus fut donc un des premiers élèves de cette institution célèbre. Il y conquit bientôt l’amitié de Monge, qui en était l’âme ; il ne fallut rien moins que cette amitié ardente et dévouée pour le sauver des destitutions qu’il avait encourues en se mêlant, contre le gouvernement établi, à plusieurs des mouvements politiques qui agitèrent la capitale.

En sortant de l’École polytechnique, Malus se rendit à Metz, où il fut reçu comme élève sous-lieutenant du génie, le 20 février 1796. Nommé capitaine du génie le 19 juin 1796, il fut envoyé l’année suivante à l’armée de Sambre et Meuse, où il prit une part active et distinguée aux combats que livra cette vaillante armée.

On a trouvé récemment dans des papiers de famille un petit cahier relié dans lequel Malus, alors capitaine du génie, employé à l’armée d’Orient, traçait jour par jour une relation abrégée de tous les événements dont il avait été témoin ou auxquels il avait pris une part directe. Cet agenda, que j’ai lu avec le plus grand intérêt et dans lequel notre confrère figure principalement comme militaire, m’a semblé mériter une analyse détaillée.

Je me suis décidé à vous la présenter, ne fût-ce que pour prouver une fois de plus qu’un savoir profond et le génie scientifique n’affaiblissent ni le zèle, ni la constance,